samedi 28 décembre 2013

L'ange et la rose

Anges tombés du ciel
Arrachés de leurs ailes frêles 
Anges tombés du nid
Pas vraiment prêts pour la vie



Avec le temps l'ange grandit,
Amusé par ce qu'on lui dit
Il devient joueur et brandit
Un masque d'amour et d'envie

Enjôleur, cœur vagabond
Il ne s'attarde jamais pour de bon
Préférant un bouquet aux mille odeurs
Où se mêlent pulsions et pudeur

Etre volatile, guidé par son idylle
Aucune n'y prend place bien longtemps
Par peur d'être encerclé, englué dans des sentiments

Rien n'y fait, et ce fait lui pèse depuis quelques temps.
Il se questionne, s'abandonne
Et rêve aux jours où il n'était qu'enfant

Ses joues roses deviennent prose 
Son masque tombe, 
Laissant voir un visage sombre, fatigué
Ennuyé par ces nuits de mirages

Le petit ange ne veut plus voir personne.
Sa solitude résonne, comme un cri sans vergogne.
Sa candeur trépasse, ne laissant plus aucune trace.

C'est alors qu'une rose, perlée par le matin,
Cueillie par le chagrin
Se trouvant amoureuse de l'amour
Gorge serrée et cœur lourd,
Lui sourie avec entrain

L'ange ne comprend plus,
Les larmes coulent sur son corps nu
Il prend la rose dans ses mains, 
Et lui susurre ce refrain :

"Petite rose si fragile,
Abîmée par la vie, pluie hostile
Viens donc tout contre mon cœur
Ici tu n'aura plus jamais peur"

(On reconnaîtra ici que l'ange est légèrement niais et plutôt piètre dragueur)

La rose s'abandonne à son nouvel amant,
Lui donnant plaisir et bon temps
Quelque chose est alors présent,
Invisible jusqu'à cet instant.

L'ange, bien qu'épris de sa belle,
Se voit peu à peu réfléchir
Considérer sa liberté d'avant
Comme lointaine, étonnamment

Il continue pourtant, 
à sourire et faire semblant.
Mais la rose, être insatiable, 
Hume ce parfum étrange
Ne comprenant pas son origine
Ni sa cause, évidemment

L'ange s'est blessé dans les épines de sa fleur,
Et ces entailles le pourfendent, 
Jusqu'à le noircir de l'intérieur.
Il se referme alors, la peur au ventre
Dans son mécanisme destructeur.

C'est ainsi que se termine l'histoire de l'ange noir, et de la rose brisée par un amour qu'elle a pris bien trop à cœur.

jeudi 19 décembre 2013

Un peu de leste

Le silence.
Le bout de ma plume vient percer la paroi fine, palpitante, sous ma poitrine pâle. 
Des doigts sur un piano de nacre, des doigts virevoltants, tapotant sans crainte, sans pudeur. 
Rien ne sort vraiment de ce corps qui se morfond, qui se cache sous des couches innombrables. Un être qui se perd et qui ne se retrouve plus. Des larmes qui se frayent un chemin interrompu. Des mots qui tournoient dans des pensées noircies, un nuage de lait qui s'évanouit. Des oiseaux s'envolent de mon ventre, ils tambourinent, ils me mangent de l'intérieur. De la fumée sort de ma bouche, des volutes épaisses. Les doigts s’interrompent sur un dièse, le temps s'arrête quelques instants. 

Une toute petite femme dans une armoire. Une femme sans odeur, sans parfum de malice, sans joie dans le coin de l’œil. Une femme arrachée, écorchée par le temps, par la vie qui l'attend. Ses yeux sont clos, elle songe. Une nuée d'oiseaux blancs. Ses poings se resserrent jusqu'au sang, jusqu'à l'âme blessée, rongée par la rancœur. Elle se noie dans ce meuble vide. Vide d'air. Vide de sens.Vide d'amour.

Est-ce que tu crois toi, en des choses qui te transpercent, qui te surpassent, qui te maintiennent en vie ? Quand tu doutes, elles t’encensent, elles te plantent
Une épine lancinante, quelque part. 
Tu m'adresses tes derniers mots.
Je m'en vais je crois, je pars, même si mon esprit voudrait rester encore
Tomber encore dénue, dénudé, exténué
Les maux glissent, les mots pissent sur ton visage qui peu à peu s'efface, se lasse
Trépasse, s’enlace dans le reste de mes souvenirs

J'ai froid dans ce monde où rien ne procure de chaleur bien longtemps. Quand je regarde autour de moi il n'y a rien. Des gens seuls, qui s'entourent péniblement. Qui essayent de trouver du réconfort, mais qui se donnent l'illusion de le trouver. Quelques instants. Quelques moments de grâce dans cette vie sans répit, sans merci. 
Ensemble dans notre solitude certaine, on chante notre misère à l'unisson. Chacun sa gamme. La mienne est grave, s'évanouissant au creux de ma gorge nouée, crispée par l'émotion. 

Je n'ai plus envie d'artifices, de sacrifices, de solstice dans ton été hivernal. Je n'ai plus envie de tes joues creuses, de ta peau parfumée par le mensonge, de tes parties de cache-cache avec nos fantômes du passé. 
Je n'ai plus envie de jouer avec les mots sans cesse, sans reste. 

Le corps de femme se recroqueville dans cette armoire vide. Inerte. Les oiseaux blancs la quitte. Ils reviendront dans quelques temps.







mardi 12 novembre 2013

Aude à la proie.

Êtres remplis de larmes. Êtres seuls, démunis. 
La jeune femme est devant son ordinateur. Elle sait qu'elle ne peut, une fois de plus, stopper l’hécatombe. Alors elle écrit comme si cela allait changer quelque chose. Elle pense que oui. Laissons là, elle est si fragile à cet instant précis. Elle ne veut voir personne. Elle n'a plus vraiment goût aux choses qui d'habitude la rendent heureuse. Elle s'écroule. Elle attend d'être seule dans sa chambre, dans un univers qui est le sien. Dans un endroit où personne ne peut voir son visage rouge. Personne ne peut la juger. Elle se demande quand est ce que son chagrin passera. Elle s'étonne de le voir encore si présent, terré au fond de son ventre. Elle sourie en imaginant son chagrin. Une petite boule noire avec des grands yeux bleus. Le mot chagrin vient doucement susurrer à son oreille que bientôt ça ira mieux. Mais bientôt... C'est long. 

Tout paraît incroyablement long quand on attend que le temps passe. La jeune femme devant l'ordinateur s'est apaisée. Elle avait raison, écrire adoucit ses peines. Comme depuis toujours. Elle sait qu'elle ne cessera jamais d'écrire. Seule la mort pourra l'empêcher de cracher des mots comme du poison. Du poison qui purge les peines... Drôle de système. Alors elle pense un peu à plus tard, quand toute sa peine aura pris sa petite valise et sera partie. Elle voudrait avoir la force de la chasser, mais elle revient à chaque fois sans prévenir. A pas de loups, comme une voleuse. Elle ramène avec elle des souvenirs. Ceux qui font mal, ceux qui rappellent l'époque où tout allait bien, où le sourire était bienveillant et le cœur grand ouvert. Maintenant tout est fermé. Barricadé. Ensevelis par des tas de choses désagréables. Alors elle met la main sur son cœur pour le sentir à nouveau, vérifier s'il est encore là. Elle sent son battement, fébrile, comme un petit métronome intérieur. Elle rigole de sa bêtise. "Ce qu'on peut être stupide quand on est triste !" se dit-elle avec tendresse pour elle-même. Elle se dit qu'elle est la seule à pouvoir se comprendre et se supporter dans son état, parce que les autres ne comprennent pas bien ce qui l'habite. De toute manière, elle ne peut compter que sur elle-même. Personne n'est là éternellement. 

dimanche 3 novembre 2013

Logée dans son poitrail, happée par son visage doux
J'oubliais quelque peu l'odeur de son cou
Perdue dans la nuit froide, pas-de-bourré et contours flous
Ta présence secrète m'enivre tout d'un coup

On rit avec des larmes, on crie sans un blâme
Doucement les paroles coulent sur nos joues
Nos yeux rouges embués
Nos fils rouges déchiquetés
J'oublie les rivages imbibés de tristesse
Et je coure, effrontée, avec la force qu'il me reste
Arrachant sur mon passage les herbes hautes et les fleurs tendres
Avec pour seul plaisir mes pieds nus sur la terre morne 
M’enfonçant dans le sol, peu à peu dégringole
Mon envie, mes désirs, mon humeur désinvolte

Bouche surfaite et regards vides
Amours enflammés et masques habiles
Cœur en miette et tronches hostiles
Bouts de toi dans mon corps cassé
Bouts de moi sur ta peau fanée 

L'âme perdure et la vie trace
A la craie blanche une nouvelle ligne 
Zig-zag zigzangant 


Dans ton fort intérieur

Y a un enfant qui..
meurt.

lundi 30 septembre 2013

Chrysalide.

Papiers froissés sur la voie publique. Cœurs déchirés jetés en vrac. Pluie fine sur les carreaux de lunettes. Gens qui marchent, qui ne se retournent plus. Sourires envolés. Mines renfrognées. Sentiments calcinés.

La chrysalide ne s'ouvre plus. Elle ne laissera plus sortir le papillon majestueux.
Chrysalide remplie de vide, de rien, d'un petit tas de poussière insignifiant. 
Chrysalide broyée dans mes mains froides. 

La lune me regarde. Toute ronde, dans son habit d’impératrice effrontée. Elle me sourit. J'aimerais partir avec elle, me bercer au sein de ses cratères, et dormir pendant un siècle. Voir les Hommes s’entre-tuer et verser des larmes pour essuyer leur sang. Danser dans la brume jaunie, faire voler la poussière de mes pieds nus.
Crier à l'humanité d'arrêter ces guerres imbéciles. Insuffler l'amour, l'amour qui manque, l'amour qui ne vient pas. L'amour qui flanche, l'amour au delà de tout. L'amour unique, ou poétique, l'amour sincère.

Je rends le sourire à dame lune. Je rends les armes. Je rends les balles coincées dans mon poitrail.
Je rends mon être plein d'amour. Je rends ma foi. Je prends le large.




Je reviendrai.

mercredi 4 septembre 2013

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Amours platoniques,
Sacrée réplique dans cette jungle monastique.
Que vos cœurs sont heureux, certes, puisqu'ils sont insensibles,
Et vos nuits paisibles, sans encombre ni pleurs.
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J'aurais essayé pourtant, de garder cet air sobre au regard de ta peine, mais elle coulait déjà dans mes veines quand je suis partie. Cette poignée de sable fin m'écorche le poitrail. Je nage dans le désert de ta souffrance. 

Ô si ce sourire s'affiche si fièrement sur mes lèvres, c'est en un instant qu'il s'éteint, si frêle. Si dépendant de toi, cher amant, j'aimerais avoir l'emprise de cet instant.

Mots envolés en déroute, tu ne comprends pas bien l'enfer qui m’envoûte. Symbiose tâchée de cette tristesse solitaire, tends-moi la main cette fois, cesses donc de te taire.

Nostalgie imbécile, bien trop d'expressions que me restent, ébauchant cette époque de naïveté certaine, le temps du présent désormais abolit, le temps où chaque spectacle n'était rien d'autre qu'un défis.

Rentrée. Soleil sur nos peaux pleines de voyage, dorées à souhait. Dans tes yeux on peut voir la mer qui scintille encore un peu. On aurait aimé s'y retrouver, loin de tout, loin de nos squelettes obligés et contraints.

Libération psychique, réflexion sur le soi, dialogues intérieurs plus profonds encore.

J'arrête. 
Je continue ?

L'air est chargé de sens nouveaux, ton cœur bat, bien plus fort que tu ne l'imagines. 

mardi 30 juillet 2013

Variante invariable

Douce nuit au clair de lune
L'air est humide et les papillons brûlent
Nuit prolifique aux amours de jeunesse
Retour aux sources inexorable,
Etre grandit trop vite, solitude intempestive
Morte la jeune âme des temps jadis
Adieu petite moi au pays des songes
Me voila grandie, cœur de pierre
Couleurs ternies et vernis d'ombre
Milles façons de faire l'amour au jour
Qui s'endort discrètement
En mangeant nos visages sombres
Milles baisers envoyés sur la tombe
De nos amours passés, non sans encombre
Tu me plisses les joues
Jeune esthète aux yeux clair
Dans ton drôle de mal être
Pourras-tu un jour renaître ?


Gaëlle.

dimanche 30 juin 2013

Prose explosée

Frêle branche qui casse sur mes hanches
Solitaire empêtré dans son être lunaire
Larmes d'ombre sur mes joues tantôt rondes
Tantôt sombres et moqueuses
Manque d'entrain si certain dans tes yeux
Charismatique
Lunatique
Adieu à mon règne.

Nul ne sait quel sentiment me broie les os
Quand je saute du haut de la falaise blanche
Quand je crie à pleine voix la rage qui m'envoie
Sur cette satanée planète
Planète.. planète

Et si nos baisers suffisaient
à corrompre les faits
Multiplier le bonheur en gommant les rancœurs
Ta mine me déprime et tes mots silencieux
Balayent promptement le plaisir dans mes yeux
Qui danse qui danse d'un rythme incertain
Et qui vient mourir au creux de tes reins

Quand tu pars, je m'enfuis
Dans ce monde si petit
Qu'est le mien

J'explose
J'explose


samedi 8 juin 2013

Tragédie moderne





De ce cœur éclaté en résulte un fossé, déchirement insensé, douche amère et glacée.

De cette interminable lutte, m'en voilà retournée; prise en flagrant délit dans une bataille bien trop corsée.

De cette main qui signe le traité, je pousse un cri étrange qui bousille tous vos souliers.

Je mange sur vos tombes qui commencent à s'écrouler, je trépigne sans rompre vos guerres entrelacées.


*












lundi 13 mai 2013



La nuit nous enveloppe, la nuit nous dorlote, l'obscure passion nous transporte.
Blason indescriptible dans nos sens volatiles, poudre à canon sur nos lèvres enragées.
Les corps s’emmêlent et se perdent avec envie, charnelles tirades tournoyants nos esprits.
Le sablier s'arrête, vagabond incompris.
Nos cœurs en papier brûlent, flambent en cadence, crépitent telles des brindilles frêles et innocentes.
La lumière du jour perce ton regard incertain, ton océan d'ivresse, chaque battement de cil nous rapproche et nous blesse.

Êtres insatiables, gourmands éperdus, j'aspire tes paroles comme ta chair tendue.
Allongée sur l'îlot paisible et serein, la calanque bat fort, la calanque bat son plein.
En cette nuit douce, ce ravin de délice, je lance ma joie au ciel -sans nuage ni malice.
J'abandonne l'aigreur qui en moi était enfouie, j'explose d'ardeur, 
et pour toi je m'enfuis.




G.


lundi 22 avril 2013

Et on retrouve petit à petit ce qui avant fonctionnait si bien.

La ville est endormie. Je pédale à en perdre haleine, sans savoir où je vais. Mes oreilles me font mal, ma poitrine tape un rythme allègre que je ne sais maîtriser. Les réverbères crachent une faible lumière, juste assez pour dessiner le contour des objets, des immeubles gris, des lignes abrupt discontinues. 
Mes yeux s'emplissent de larmes chaudes, la route est de plus en plus pentue, je tire ma dernière révérence avec le peu de force qu'il me reste. Je descend enfin, titubante, tremblante. Je croise des jeunes qui auraient pu être moi, se tenant par la taille, riant fort, une bouteille presque vide à la main. Une légère bruine me caresse le visage. 

*

Ils sont tous partis. Je sens quelque chose qui arrive, qui m'emplit d'un sentiment que j'avais oublié. Tu m'appelle fébrilement. Je suis perdue dans tes bras, dans nos paroles absurdes, dans tes caresses. Le temps s'arrête, le temps me berce, je dégringole dans le coin de tes lèvres.

*

Je lis la déception dans tes yeux. Je ne dis rien, de  peur que tu ne t'énerve encore contre moi. Je n'ai plus d'excuse cette fois.  J'aimerai que tu n'ai rien à me reprocher, mais il y a toujours quelque chose. Je suis perdue, suspendue dans le vide , la poitrine serrée. Encore une fois je n'ai pas été à la hauteur.  Je nage à contre courant.   








dimanche 31 mars 2013

Résurrection

C'était un de ces soirs froid où il fait bon vivre dans les chaumières. Je me disais que ça faisait une éternité que je n'avais pas réussi à écrire quelque chose de passable, et j'avais raison. J'attendais tristement un de ces dimanche soir où mes pensées s'égarent pour former une nuée d'oiseaux blancs. Des volatiles fous et imprudents qui virevoltent au dessus de mon crâne en même temps que j'écris. Je me disais que si j'arrivais à faire un texte qui me plaise, j'aurais une nuit rempli de rêves délicieux. 


C'était pâques. Je m'en foutais royalement, et j'avais eu envie de vomir toute la journée à cause de ces foutus chocolats et de la soirée que j'avais fais la veille. Je me disais que j'avais encore pleins de choses à faire, et que je n'en avais pas la moindre envie. Je voulais dormir durant des jours pour faire le tour de moi-même et essayer de comprendre tout ce qui déraille chez moi. Evidemment, je n'avais pas ce pouvoir mais le simple fait d'y penser me plaisait. Un rien ne me plaisait. Quelques notes de musique, une gorgée de tequila, chanter sur des accords improvisés, me tenir à la rampe des escaliers et sentir qu'une force étrangère me poussait vers l'avant. Ce porche sombre me plaisait aussi. Ces parois humides qui laissaient entrevoir un ciel sans couleur. J'étais juste là et cela me suffisait. Je pensais que c'était éphémère, et que je ne m'en rappellerai pas aussi bien une fois arrivée dans mon lit. Mais cette fois ci, je m'étais emparé du moment de manière à ce qu'il vive toujours en moi, avec précision et exactitude.
Au départ, je ne savais pas vraiment ce que je pouvais raconter, me remémorant tous les textes abandonnés avant même qu'ils n'aient eu la chance de prendre forme. Je me disais qu'au fond, je n'avais sûrement rien à dire de plus que tout ce qui se dit déjà de manière sublime dans certaine bouche, ou dans certains livre. Je pensais que quoi que j'écrive, ce n'était pas vraiment important puisque j'étais vouée à une existence courte et sûrement discrète. Je pensais aussi aux reproches qu'on avait pu me faire sur ma manière d'écrire. "Ce n'est pas assez travaillé, et puis tu voles des jolis mots pour donner du panache à tes phrases". J'avais bien pris en compte ce qu'il m'avait dit ce soir là, assis devant la nuit qui nous écoutait murmurer. 
Depuis quelque temps, j'avais vécu assez de moments déroutants pour essayer de tisser un fil conducteur et rendre cela abordable. Même si au fond de moi je savais bien que personne d'autre que moi ne pouvait comprendre la complexité de chacun d'entre eux. Alors pour me rassurer, je me disais que chaque moment partagé avec quelqu'un était un don indélébile et que quoi qu'il advienne, nous y seront toujours le gardien. Je me disais que c'était plutôt joliment dit. 
C'est pourquoi ce soir là, j'ai eu envie de laisser couler les mots, de les laisser exister quelque part. Ceux là méritaient leur place, et mon léger sourire montrait, pour une fois, une forme de satisfaction. 


mardi 19 février 2013

Je n'oublie pas la saveur de cette bouche, la texture de cette peau blanche, le sentiment d'exister quand ton souffle s'attarde dans mon cou. Je n'oublie rien. Je cogne mes souvenirs avec ces rêves lézardés,  ces images bleutées d'une poésie intense. J'espère. Je n'attends rien du haut de ma tour d'argent. Je regarde par la fenêtre, les arbres marmonnent dans leur barbe verte, je les écoute pendant des heures. Je ne m'en lasse pas. Je sais que ton regard est lointain, et que tes murmures sont destinés à d'autres. Cela m'amuse, cela m’attriste, je n'y pense plus. D'une voix brisée, je chante. J'entonne une mélodie fragile, dont les imperfections deviennent charmantes. Je ferme les yeux, et laisse couler les sons qui me viennent. Les mots qui me viennent. Les larmes qui me viennent. Dans le froid de la nuit, je pleure doucement, sans aucune douleur pour moi-même. Je brave le temps, je brave les règles que l'on s'était donné. Je foule le sol, je marche, je marche droit, je tombe. Tu me tends la main, et d'un sourire ravageur, tu me dis que la nuit me rend belle. Ma joue est collée contre ton torse, je sens ton coeur battre. Je suis bien au creux de ton être. Je n'ai plus envie de fuir. Mes yeux sont clos, et mes doigts caressent doucement ta peau. Ton souffle me berce.


 *.             Je m'endors.

dimanche 10 février 2013

Sombre cri

Rien de concluant à dire. Rien à vrai dire. Que du sombre et du vaniteux. 



Tu me connais, pleine de secrets et de vaines décadences, je me balance entre tes lèvres arrogantes. J'embrasse, j'embrase, je tâche ton col de chemise, je défrise ton jupon de pudeur, je pince ton cou de mille ardeurs.
Tu me repousse avec grâce, j'enlace ta ferveur avec dédain. Tu me retiens de tes mains moites, tu te rétractes, tu continues ton chemin.
Je fais un pas, je pose un genou à terre, je t'appelle, je t'appelle encore, mais tu ne réponds pas et je tombe, j'écorche ma peau, j'écorche mes mots à peine prononcés, dilués dans le souffle qui nous sépare.
J'étouffe dans ce monde, et c'est toi, de tes silences, c'est toi qui resserres l'échéance, encore quelques minutes et je ne serai plus. Je ne peux lutter, tu t'éloignes, je suis contrainte de rendre les armes.

Tes chaussures crissent sur les cailloux de passion que j'avais semés pour toi, tu ne te retournes plus.
Je crache. Dans le sable ocre et sang, je te laisse un dernier souvenir médiocre.
Tu m'abandonnes, comme on abandonnerait un enfant mort.
Je ferme les yeux, je laisse aller ma tête nue.
Ma nuque se rompt,
quelques rebonds,

Je pars.


mardi 29 janvier 2013

parenthèses poétiques

Douce noyade au clair de lune,
L'air est humide et les papillons brûlent
Leurs ailes consumées  s'envolent et frôlent les cieux
C'est l'heure à laquelle je devais te dire Adieu



Soupirs exaspérés, qu'en deviendra-t-il de nous 
Quand les mines de rancoeur sauterons à nos cous
Quand ton sourire folâtre s'en ira  au travers
De ma gorge nouée, dis moi, que devrons-nous faire ?

Vogue la tristesse et vogue nos fous rires
Vogue ma vengeresse et cette passion d'écrire
Ecoule ton venin dans ma chair endormie
Ecoute la misère du monde qui s'enfuit

Ici naît une fleur plus belle que l'Envie
Plus allechante encore qu'une princesse assoupie
Si naïve et si douce que dans les ruines de ma douleur
Je la sent, immortelle, dans son tombeau d'aigreur

Ce n'est plus du sang, mais de l'encre qui tâche mon lit
Des larmes et de la cendre qui s'emmêlent dans mes yeux gris



dimanche 6 janvier 2013

Troubles du sommeil.

Réveil en sueur. Moi qui me croyais débarrassée de ces vieux souvenirs. C'est fou comme quelques minutes de rêve peuvent te rappeler à quel point ton inconscient ne cesse jamais d'exister. Il est là, aux aguets, à aspirer la moindre partielle de ton petit être et de toute sa complexité. Impossible d'y échapper, de se cacher, de tricher. Lui mentir n'est qu'éphémère : il sait tout.

Mes yeux ne se ferment plus. C'est douloureusement que j'avoue, une fois de plus, mon agacement, ma haine , ma défaite brûlante. Je croyais pouvoir aimer au jour le jour, faire comme tous ces jeunes qui se saignent, qui s'amusent, qui se mentent, qui s'en foutent. J'y arrive pas. 
Etre prisonnière de l'amour. Comment ne peut-on pas l'être ? Qui y a t'il de plus plaisant que de sentir contre sa peau des baisers furtifs, de goûter à des lèvres qui jamais ne se tarissent, de sentir toute la force d'une union fugitive, envers et contre tous. Il n'y a pas grand chose de comparable. Ça fait trop longtemps que je triche. Tu as été la fois de trop. Je ne suis pas celle que j'aimerais être, indomptable, impénétrable. Insaisissable volupté de l'être.
Je ne suis que moi. Que cette jeune femme amoureuse de l'amour. Qui s'ennuie dans sa belle tour en argent, où plus personne n'entre de manière définitive. Il faut dire que cette tour est protégée par de nombreux sentinelles qui n'ont aucune pitié envers les âmes intéressées. Je n'ai plus la patience d'attendre, alors je me morfonds. La limite est atteinte, je tire ma révérence, le temps m'a ratrappé pour mieux me perdre.
Succombe, succombe, succombe, tu te rattrapera bien à une branche le moment venu. 
J'ai beau voir tous ces yeux qui brillent, ces lèvres qui se frôlent, ces gens aveuglés par leur bonheur intimiste ; je ne peux que les envier. 

Comment oses-tu parler d'amour, toi, hein ? Toi qui n'a pas connu Lola Rastaquouère