Le silence.
Le bout de ma plume vient percer la paroi fine, palpitante, sous ma poitrine pâle.
Des doigts sur un piano de nacre, des doigts virevoltants, tapotant sans crainte, sans pudeur.
Rien ne sort vraiment de ce corps qui se morfond, qui se cache sous des couches innombrables. Un être qui se perd et qui ne se retrouve plus. Des larmes qui se frayent un chemin interrompu. Des mots qui tournoient dans des pensées noircies, un nuage de lait qui s'évanouit. Des oiseaux s'envolent de mon ventre, ils tambourinent, ils me mangent de l'intérieur. De la fumée sort de ma bouche, des volutes épaisses. Les doigts s’interrompent sur un dièse, le temps s'arrête quelques instants.
Une toute petite femme dans une armoire. Une femme sans odeur, sans parfum de malice, sans joie dans le coin de l’œil. Une femme arrachée, écorchée par le temps, par la vie qui l'attend. Ses yeux sont clos, elle songe. Une nuée d'oiseaux blancs. Ses poings se resserrent jusqu'au sang, jusqu'à l'âme blessée, rongée par la rancœur. Elle se noie dans ce meuble vide. Vide d'air. Vide de sens.Vide d'amour.
Est-ce que tu crois toi, en des choses qui te transpercent, qui te surpassent, qui te maintiennent en vie ? Quand tu doutes, elles t’encensent, elles te plantent
Une épine lancinante, quelque part.
Tu m'adresses tes derniers mots.
Je m'en vais je crois, je pars, même si mon esprit voudrait rester encore
Tomber encore dénue, dénudé, exténué
Les maux glissent, les mots pissent sur ton visage qui peu à peu s'efface, se lasse
Trépasse, s’enlace dans le reste de mes souvenirs
J'ai froid dans ce monde où rien ne procure de chaleur bien longtemps. Quand je regarde autour de moi il n'y a rien. Des gens seuls, qui s'entourent péniblement. Qui essayent de trouver du réconfort, mais qui se donnent l'illusion de le trouver. Quelques instants. Quelques moments de grâce dans cette vie sans répit, sans merci.
Ensemble dans notre solitude certaine, on chante notre misère à l'unisson. Chacun sa gamme. La mienne est grave, s'évanouissant au creux de ma gorge nouée, crispée par l'émotion.
Je n'ai plus envie d'artifices, de sacrifices, de solstice dans ton été hivernal. Je n'ai plus envie de tes joues creuses, de ta peau parfumée par le mensonge, de tes parties de cache-cache avec nos fantômes du passé.
Je n'ai plus envie de jouer avec les mots sans cesse, sans reste.
Le corps de femme se recroqueville dans cette armoire vide. Inerte. Les oiseaux blancs la quitte. Ils reviendront dans quelques temps.
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