Je ne comprends pas. Pas tout, jamais.
Peut être une partie. Un angle. Une craquelure, si minuscule
soit-elle. Tout se mélange, se disperse gentillement, s'égare dans
des parties diverses de mes pensées. Je panique quant à la quantité
indéfinissable de questions tournoyantes et parfois insidieuses qui
me culbutent. Me transpercent et ne me lâchent plus.
Je ne comprends pas pourquoi nous en
sommes arrivés là. Pourquoi la grâce de certains instants, de
certaines images, sont tâchés par la noirceur de la cruauté des
Hommes et de leur soif de vengeance. La haine, voilà ce
qui coule des bouches, ce qui roule sur les joues, ce qui entraîne
les foules. Se sentir au-delà, au dessus, en dehors, endoloris.
Embourbés.
Je ne comprends pas le plaisir que
prennent certains à tomber dans la facilité. A s'engluer dans des
automatismes froids, sans aucune vie, sans aucun éclat. A s'écarter
de ce qui existe de plus pur et de plus jouissif, à savoir la
rencontre de soi avec l'immense inconnu. La rencontre d'un être face
à tout ce qui existe, dans une complexité infinie et surtout
infiniment semée d’embûche. De pépites.
Je ne comprends pas la passivité
ambiante. Le déni. Les œillères qui traînent au coin de chaque
visage. Il y a tellement de possibles, tellement de chemins à
prendre, alors pourquoi rester sur les routes toutes tracées ?
Pourquoi ne pas se perdre et s'en donner à cœur joie, aller dans
les bas-fonds, nager dans les décombres de soi-mêmes ? Montrer
fièrement la galère sur laquelle notre corps rigide se déplace, et
avec quelle agilité, avec quelles difficultés. Toutes ces choses
qui sont propres à chacun d'entre nous, qui se croisent, se
nourrissent entre elles.
J'aimerais penser que nous sommes ici
pour des valeurs plus honorables. Pour un combat plus évolué.
Certaines fois je ne sais plus ce qu'il est, ce combat. Je nous vois
perdus, voguant hasardeusement au gré des marées, laissant
s'échapper les voiliers pleins d'espoir. Le combat peut-il être
collectif ? Ou sommes-nous passé à l'aire du « chacun
pour soi » ? Le fait de se sentir parti d'un tout doit-il obligatoirement passer par la pensée de masse, le mimétisme, le patriotisme ? L'argent et le capitalisme régissant tout ou presque, il
devient difficile de lutter, et surtout de lutter seul.
J'aimerais sentir à quel point les
questionnements sont importants, le retour à l'essentiel, le retour
à notre Terre. Mais ce que je vois et ressens me glace profondément.
J'aimerais parfois ne pas appartenir à
ce monde. J'aimerais en être une enfant illégitime. Voler sur l'eau et nager dans l'espace sans que personne ne me dise
« C'est impossible. » Sentir dans mes paumes
chaque cœur et chaque individu, et pouvoir me dire « Ce cœur
est aussi le mien ». Mais c'est à ces moments là que je rêve
éveillée et que je me tais.
Cette fois je parle, et je laisse à
vos yeux et à vos cœurs la liberté de se balader entre mes mots maladroits, vides
ou pleins, petits signes inventés par nous même pour communiquer, dans un soucis de partage d'Homme à Homme. J'aimerais que l'on se comprenne, vous et moi. Que l'on
se prenne dans les bras.
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