dimanche 14 juin 2015

Lettre de gratitude


Le jeûne âge. Timide, pas sûr de soi. Les papillons dans le ventre. Le trac, le vrai trac qui tord de l'intérieur. Juste avant le rendez-vous. « Dans une heure tout va peut être basculer ». Les doutes qui surgissent. Le rouge qui monte aux joues et le sentiment que plus rien n'existe. L'impression d'être vivant pour de bon, de toucher du doigt ce que c'est, enfin, que d'être épris de quelqu'un. Le moment où les lèvres se touchent. L'explosion.

Les premiers baisers, les premiers je t'aime, la première fois que vivre devient si agréable en présence d'une autre personne. Cette impression de penser au pluriel et puis de ne plus être seul. Cette fougue, cette passion qui renverse le cœur, qui empoigne et qui secoue. Cette envie de crier partout qu'on est amoureux, ça y est.

Le chagrin d'amour. Celui qui arrache, qui bouscule, qui ôte toute joie toute envie de vivre toute envie d'exister. Cette cascade qui déglingue, qui dézingue et qui noie la toute petite personne que tu es, maintenant conjuguée au singulier, rabougrie au fond des draps et des tornades de larmes.

Plus tard, plus mature, plus pudique. Les discussions qui durent des heures où à cœur ouvert, on livre qui on est, on se découvre, on s'apprend. On s'engueule parce qu'on s'aime trop, parce qu'on se comprend pas profondément mais qu'on aimerait trouver ce qui cloche. Ce qui accroche. On cherche à deux et on se trouve parfois, tout seul. On grimpe des montagnes, les victoires sont belles, diverses. On tâtonne, on va chercher profond en nous parce qu'on a envie d'être à la hauteur.
A chaque voyage, à chaque histoire, une nouvelle pépite à mettre dans son fort intérieur.


A toutes ces expériences de vie, à tous mes amours passés, je dédie cette lettre.
A tous ces garçons que j'ai aimé, à qui j'ai donné une petite part de moi, j'aimerais dire un merci qui vient de loin.
Merci à tous ceux avec qui j'ai partagé seulement quelques instants, et merci à ceux qui m'ont aimé en secret, si toutefois il y en a eu !

Vous m'avez aidé à me construire, à me chercher, à tomber parfois très fort, à me relever, à me comprendre. Et c'est ce qui est important : grâce à chacun d'entre vous, je me découvre et je traverse la vie. Sereinement.
Avec force, détermination et surtout, avec beaucoup d'envie.

Puisse l'amour que vous m'avez donné vive en moi toujours, et à jamais.



Publié dans : "Pratique de la gratitude, l'art d'être heureux" de Jean François Thiriet, 2015

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