vendredi 27 avril 2012

Histoire courte.

Rue de la liberté, 1H du matin.
Une femme assise à un arrêt de bus, elle est seule. Elle allume une cigarette. Elle entend des gouttes de pluies taper sur les vitres pleine de buée. Les phares d'une voiture l'éblouissent, elle se lève.
La voiture ne s'arrête pas, elle se rassoie.
Elle écrase sa cigarette sur le banc. Elle entend les bruits de la nuit, elle frissonne. Elle a peur. Elle voudrait qu'il revienne. Elle ne peut plus rester chez elle. A chaque fois qu'elle trouve quelque chose qui lui appartient, elle se met à pleurer. Elle flanche. La pluie la maintient éveillée. Elle n'a plus aucune notion du temps présent. Plus rien n'a d'importance, elle veut le voir, pouvoir le serrer dans ses bras, lui dire ce qu'elle avait sur le coeur avant son départ. Elle tente de réchauffer ses mains bleutées par le froid.
Elle entend des pas. Elle se lève, se demande qui cela pourrait bien être à une heure pareille. Elle regarde l'horizon : il n'y a personne. Un second bruit, plus près d'elle cette fois. Elle ne voit toujours rien. Des branches craquent. Les bruits se rapprochent. Elle tremble. Une ombre surgit de derrière les buissons, elle n'arrive pas à distinguer les traits d'un visage, elle devine que c'est un enfant. Elle s'avance d'un pas timide. Elle peut enfin voir son visage. Un petit garçon. Il l'a regarde à travers ses grands yeux clairs. Il ne dit rien. Elle lui tend la main dans un élan de tendresse. Il la saisie sans hésiter longtemps. 
Ils sont deux sur le bancs désormais. Elle le serre fort contre lui, tout en lui susurrant les mots les plus rassurants qu'elle connaissent.
L'enfant est calme. Elle l'étouffe tant elle le serre fort. Elle ferme les yeux. Elle se sent mieux maintenant qu'elle a quelqu'un à aimer. Elle chantonne un air doux et rassurant. Elle ré-ouvre doucement ses paupières. L'enfant n'est plus là. L'enfant a disparu de ses bras. Elle crie, elle panique. Elle appelle partout, fouille les alentours : il a disparu.

Rue de la liberté, 1H36.
Un homme, il fume une gitane à sa fenêtre. Il n'arrive pas à dormir, c'est surement ces foutus médicaments que lui a prescrit le médecin. Il regarde cette femme depuis tout à l'heure. Il l'a connait, elle a perdue son petit garçon il y a de ça environ un an. Elle n'arrive pas à se reconstruire depuis cette terrible perte. Toutes les nuits, elle crie la mort de son enfant depuis cet arrêt de bus où personne n'ose plus aller. Elle pense sûrement qu'il va revenir. Il l'observe serrer son sac contre elle. Ce spectacle le fait souvent sourire.
Elle est folle. Tout le monde le sait au village, mais que peut-on faire devant une femme pareille ? Personne ne veut l'aider, bien d'autre chose à régler que de s'occuper d'une femme qui radote toutes les nuits, croyant que son fils va revenir du monde des morts. Il allume la télé. Il zappe plusieurs fois, arrête son choix sur un documentaire narrant la vie des ours polaires, puis s'endort.


Gaëlle.

1 commentaire:

  1. Toi et tes textes vous êtes incroyables.
    Celui-ci est magique.
    Merci.

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