samedi 28 décembre 2013

L'ange et la rose

Anges tombés du ciel
Arrachés de leurs ailes frêles 
Anges tombés du nid
Pas vraiment prêts pour la vie



Avec le temps l'ange grandit,
Amusé par ce qu'on lui dit
Il devient joueur et brandit
Un masque d'amour et d'envie

Enjôleur, cœur vagabond
Il ne s'attarde jamais pour de bon
Préférant un bouquet aux mille odeurs
Où se mêlent pulsions et pudeur

Etre volatile, guidé par son idylle
Aucune n'y prend place bien longtemps
Par peur d'être encerclé, englué dans des sentiments

Rien n'y fait, et ce fait lui pèse depuis quelques temps.
Il se questionne, s'abandonne
Et rêve aux jours où il n'était qu'enfant

Ses joues roses deviennent prose 
Son masque tombe, 
Laissant voir un visage sombre, fatigué
Ennuyé par ces nuits de mirages

Le petit ange ne veut plus voir personne.
Sa solitude résonne, comme un cri sans vergogne.
Sa candeur trépasse, ne laissant plus aucune trace.

C'est alors qu'une rose, perlée par le matin,
Cueillie par le chagrin
Se trouvant amoureuse de l'amour
Gorge serrée et cœur lourd,
Lui sourie avec entrain

L'ange ne comprend plus,
Les larmes coulent sur son corps nu
Il prend la rose dans ses mains, 
Et lui susurre ce refrain :

"Petite rose si fragile,
Abîmée par la vie, pluie hostile
Viens donc tout contre mon cœur
Ici tu n'aura plus jamais peur"

(On reconnaîtra ici que l'ange est légèrement niais et plutôt piètre dragueur)

La rose s'abandonne à son nouvel amant,
Lui donnant plaisir et bon temps
Quelque chose est alors présent,
Invisible jusqu'à cet instant.

L'ange, bien qu'épris de sa belle,
Se voit peu à peu réfléchir
Considérer sa liberté d'avant
Comme lointaine, étonnamment

Il continue pourtant, 
à sourire et faire semblant.
Mais la rose, être insatiable, 
Hume ce parfum étrange
Ne comprenant pas son origine
Ni sa cause, évidemment

L'ange s'est blessé dans les épines de sa fleur,
Et ces entailles le pourfendent, 
Jusqu'à le noircir de l'intérieur.
Il se referme alors, la peur au ventre
Dans son mécanisme destructeur.

C'est ainsi que se termine l'histoire de l'ange noir, et de la rose brisée par un amour qu'elle a pris bien trop à cœur.

jeudi 19 décembre 2013

Un peu de leste

Le silence.
Le bout de ma plume vient percer la paroi fine, palpitante, sous ma poitrine pâle. 
Des doigts sur un piano de nacre, des doigts virevoltants, tapotant sans crainte, sans pudeur. 
Rien ne sort vraiment de ce corps qui se morfond, qui se cache sous des couches innombrables. Un être qui se perd et qui ne se retrouve plus. Des larmes qui se frayent un chemin interrompu. Des mots qui tournoient dans des pensées noircies, un nuage de lait qui s'évanouit. Des oiseaux s'envolent de mon ventre, ils tambourinent, ils me mangent de l'intérieur. De la fumée sort de ma bouche, des volutes épaisses. Les doigts s’interrompent sur un dièse, le temps s'arrête quelques instants. 

Une toute petite femme dans une armoire. Une femme sans odeur, sans parfum de malice, sans joie dans le coin de l’œil. Une femme arrachée, écorchée par le temps, par la vie qui l'attend. Ses yeux sont clos, elle songe. Une nuée d'oiseaux blancs. Ses poings se resserrent jusqu'au sang, jusqu'à l'âme blessée, rongée par la rancœur. Elle se noie dans ce meuble vide. Vide d'air. Vide de sens.Vide d'amour.

Est-ce que tu crois toi, en des choses qui te transpercent, qui te surpassent, qui te maintiennent en vie ? Quand tu doutes, elles t’encensent, elles te plantent
Une épine lancinante, quelque part. 
Tu m'adresses tes derniers mots.
Je m'en vais je crois, je pars, même si mon esprit voudrait rester encore
Tomber encore dénue, dénudé, exténué
Les maux glissent, les mots pissent sur ton visage qui peu à peu s'efface, se lasse
Trépasse, s’enlace dans le reste de mes souvenirs

J'ai froid dans ce monde où rien ne procure de chaleur bien longtemps. Quand je regarde autour de moi il n'y a rien. Des gens seuls, qui s'entourent péniblement. Qui essayent de trouver du réconfort, mais qui se donnent l'illusion de le trouver. Quelques instants. Quelques moments de grâce dans cette vie sans répit, sans merci. 
Ensemble dans notre solitude certaine, on chante notre misère à l'unisson. Chacun sa gamme. La mienne est grave, s'évanouissant au creux de ma gorge nouée, crispée par l'émotion. 

Je n'ai plus envie d'artifices, de sacrifices, de solstice dans ton été hivernal. Je n'ai plus envie de tes joues creuses, de ta peau parfumée par le mensonge, de tes parties de cache-cache avec nos fantômes du passé. 
Je n'ai plus envie de jouer avec les mots sans cesse, sans reste. 

Le corps de femme se recroqueville dans cette armoire vide. Inerte. Les oiseaux blancs la quitte. Ils reviendront dans quelques temps.