mardi 12 novembre 2013

Aude à la proie.

Êtres remplis de larmes. Êtres seuls, démunis. 
La jeune femme est devant son ordinateur. Elle sait qu'elle ne peut, une fois de plus, stopper l’hécatombe. Alors elle écrit comme si cela allait changer quelque chose. Elle pense que oui. Laissons là, elle est si fragile à cet instant précis. Elle ne veut voir personne. Elle n'a plus vraiment goût aux choses qui d'habitude la rendent heureuse. Elle s'écroule. Elle attend d'être seule dans sa chambre, dans un univers qui est le sien. Dans un endroit où personne ne peut voir son visage rouge. Personne ne peut la juger. Elle se demande quand est ce que son chagrin passera. Elle s'étonne de le voir encore si présent, terré au fond de son ventre. Elle sourie en imaginant son chagrin. Une petite boule noire avec des grands yeux bleus. Le mot chagrin vient doucement susurrer à son oreille que bientôt ça ira mieux. Mais bientôt... C'est long. 

Tout paraît incroyablement long quand on attend que le temps passe. La jeune femme devant l'ordinateur s'est apaisée. Elle avait raison, écrire adoucit ses peines. Comme depuis toujours. Elle sait qu'elle ne cessera jamais d'écrire. Seule la mort pourra l'empêcher de cracher des mots comme du poison. Du poison qui purge les peines... Drôle de système. Alors elle pense un peu à plus tard, quand toute sa peine aura pris sa petite valise et sera partie. Elle voudrait avoir la force de la chasser, mais elle revient à chaque fois sans prévenir. A pas de loups, comme une voleuse. Elle ramène avec elle des souvenirs. Ceux qui font mal, ceux qui rappellent l'époque où tout allait bien, où le sourire était bienveillant et le cœur grand ouvert. Maintenant tout est fermé. Barricadé. Ensevelis par des tas de choses désagréables. Alors elle met la main sur son cœur pour le sentir à nouveau, vérifier s'il est encore là. Elle sent son battement, fébrile, comme un petit métronome intérieur. Elle rigole de sa bêtise. "Ce qu'on peut être stupide quand on est triste !" se dit-elle avec tendresse pour elle-même. Elle se dit qu'elle est la seule à pouvoir se comprendre et se supporter dans son état, parce que les autres ne comprennent pas bien ce qui l'habite. De toute manière, elle ne peut compter que sur elle-même. Personne n'est là éternellement. 

dimanche 3 novembre 2013

Logée dans son poitrail, happée par son visage doux
J'oubliais quelque peu l'odeur de son cou
Perdue dans la nuit froide, pas-de-bourré et contours flous
Ta présence secrète m'enivre tout d'un coup

On rit avec des larmes, on crie sans un blâme
Doucement les paroles coulent sur nos joues
Nos yeux rouges embués
Nos fils rouges déchiquetés
J'oublie les rivages imbibés de tristesse
Et je coure, effrontée, avec la force qu'il me reste
Arrachant sur mon passage les herbes hautes et les fleurs tendres
Avec pour seul plaisir mes pieds nus sur la terre morne 
M’enfonçant dans le sol, peu à peu dégringole
Mon envie, mes désirs, mon humeur désinvolte

Bouche surfaite et regards vides
Amours enflammés et masques habiles
Cœur en miette et tronches hostiles
Bouts de toi dans mon corps cassé
Bouts de moi sur ta peau fanée 

L'âme perdure et la vie trace
A la craie blanche une nouvelle ligne 
Zig-zag zigzangant 


Dans ton fort intérieur

Y a un enfant qui..
meurt.