dimanche 25 décembre 2011


A Paris, tout le monde est stressé, pressé comme un citron dégoulinant de jus fade et amère. Les belles femmes ont des talons hauts pour ne pas voir les clochards vautrés par terre, les hommes chics ont du fric, les bobos vont voir des expos, des trucs un peu rétros, on badine pas avec l'Art mes cocos.

Un viel homme dort sur les dalles froides, grises et poussiéreuses de la sortie du RER A, il a pour tout paysage les visages lassés des gens descendants des escalators blindés. Il ne regarde plus personne, il est seul avec sa bouteille de rhum, achetée sur les quelques sous qu'on lui jette en passant. Dans le métro, on se regarde sans se voir, on se colle, se bouscule, on broie du noir des écouteurs sur les oreilles, on attend la prochaine station, crédule, on regarde si notre sac est bien fermé, méfiance, la petite dame d'à côté pourrait bien nous l'avoir volé.

On rentre à la maison, le TGV ronronne, chantonne une musique mécanique, je n'arrive pas à m'endormir. Je repense à ce clochard, tout seul dans le noir à penser à sa femme et ses enfants. Peut être sont-ils morts, peut être a-t'il tort de boire comme ça ? Il n'a pas le choix. La misère pèse sur ses épaules, le froid l'empêche de réfléchir et l'alcool de mourir. Noël ? Ce mot résonne dans sa tête, il en garde une image douce et chaude dans sa tête. Il voit sa famille réunie autour d'une table, il pleure. Il pleure sa vie, il pleure sa femme, il pleure d'épuisement. Sur ses lèvres gercées, on peut lire : "Joyeux Noël mes enfants."

Gaëlle.

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