dimanche 25 décembre 2011


A Paris, tout le monde est stressé, pressé comme un citron dégoulinant de jus fade et amère. Les belles femmes ont des talons hauts pour ne pas voir les clochards vautrés par terre, les hommes chics ont du fric, les bobos vont voir des expos, des trucs un peu rétros, on badine pas avec l'Art mes cocos.

Un viel homme dort sur les dalles froides, grises et poussiéreuses de la sortie du RER A, il a pour tout paysage les visages lassés des gens descendants des escalators blindés. Il ne regarde plus personne, il est seul avec sa bouteille de rhum, achetée sur les quelques sous qu'on lui jette en passant. Dans le métro, on se regarde sans se voir, on se colle, se bouscule, on broie du noir des écouteurs sur les oreilles, on attend la prochaine station, crédule, on regarde si notre sac est bien fermé, méfiance, la petite dame d'à côté pourrait bien nous l'avoir volé.

On rentre à la maison, le TGV ronronne, chantonne une musique mécanique, je n'arrive pas à m'endormir. Je repense à ce clochard, tout seul dans le noir à penser à sa femme et ses enfants. Peut être sont-ils morts, peut être a-t'il tort de boire comme ça ? Il n'a pas le choix. La misère pèse sur ses épaules, le froid l'empêche de réfléchir et l'alcool de mourir. Noël ? Ce mot résonne dans sa tête, il en garde une image douce et chaude dans sa tête. Il voit sa famille réunie autour d'une table, il pleure. Il pleure sa vie, il pleure sa femme, il pleure d'épuisement. Sur ses lèvres gercées, on peut lire : "Joyeux Noël mes enfants."

Gaëlle.

mercredi 7 décembre 2011

Dérapage incontrôlé.












-Ca va. J'te dis qu'ça va. Tu m'entends ?










Arrêtes ton char. Y a trop de brouillard dans ma tête. Arrêtes de croire, pour une fois sois honnête. Quelque chose de bizarre, un besoin incertain, dans tes yeux si noir, j'te dit que ça va bien.
Ne me regarde plus. Ne me regarde pas. Ne regarde jamais plus l'enfer qui est en toi. Je crois que je vois pas clair, que mon envie est bien trop loin, que la seule manière de te plaire, c'est d'être celle qui ne voit rien. Aveugle de part son corps rigide, son cœur qui saigne et qui coule dans ses mains, il a perdu son sourire dans une page de mon bouquin. Ne dis plus non quand je veux t'emmener un peu plus loin, pour une fois laisse ton sourire me répondre avec dédain. Je dérape. Et alors? Qui ne dérape pas ? Ce monde ne tourne pas rond et tu le sais très bien. Tout le monde le sait. Même les physiciens. Mais pourquoi tu t'efforces à me faire croire que tout va bien? Y a plus rien qui nous rattache à notre mère, même plus les arbres qui sont coupés pour qu'on t'enterre. Va donc pisser plus loin avec tes sales manies de gendarme, toujours à me fliquer et à me fabriquer des drames.

Gaëlle.