dimanche 18 septembre 2011

ELLE.

Elle entend le cliquetis de sa cuillère en argent, elle tremble. Elle sait à quel point elle est fragile et vulnérable, mais ce bruit cristallin ne fais qu'accentuer le manque. Elle sent l'odeur qui s'évapore, et qui vient titiller ses narines d'un parfum trop familier : celui qui annonce le passage dans le monde si noir, si sombre, de la fin, ce monde qu'elle connait déjà trop bien.
Elle est par terre car elle le sait, ses jambes ne supporteront pas son poids. D'une main haletante elle s'empare de la seringue, et s'injecte la liqueur suprême qu'elle s'est procuré en faisait la tapin à quelques rue d'ici. Elle ne connait plus personne, elle ne se connait plus elle-même, elle est devenue tellement maigre, tellement à fleur de peau et pâle, que personne ne la reconnaîtrait. Mais qui de toute façon, pourrait la reconnaitre? Sa propre mère, partie sans dire où elle allait quand elle avait 10 ans ? Son mari, qu'elle avait tué dans ce putain d'accident de voiture, il y a jour pour jour 5 ans ? Ses amis ? Elle n'en avait plus. Elle n'en voulait plus, pas plus que de cette vie, cette putain, qui comme elle est un chaos, une crevasse sans fond, un désert aride de sentiments.
Elle prend les clés de son appartement, une petite chambre de bonne qu'elle se paye avec les pourboires, et elle part, sans savoir où elle va. Elle marche, sans comprendre comment ses jambes la soutiennent encore. Elle veut en finir avec cette merde, cette fausse remplie d'héroïne, de veines piquées et de de cernes creusées. Elle cherche un endroit où elle pourra mourir seule, en une seule fois, elle n'a de toute façon plus de frique pour payer ce qui l'a fait encore tenir, mais si peu...
C'est maintenant, où alors elle crevera au milieu de chez elle, mais ça, ça elle ne veut pas. Elle préfère mourir dans le calme de la nuit, être une ombre, une tache, un petit amas de rien au milieu d'une forêt sombre où personne ne va jamais.
Quand elle s'arrête, c'est pour profiter une dernière fois des étoiles. Elle s'assoie sur un banc qui surplombe la ville, et regarde dans le vague. Elle n'a plus le courage de se résonner, de repartir et de lutter. Elle sait que dans quelques instants elle va partir, alors elle s'accorde encore le temps de s'emplir, pour la dernière fois, de l'air serein de la nuit. Elle ferme les yeux, et revoit sa vie d'avant. Bientôt elle n'y pensera plus. Bientôt elle ne sera plus personne. Bientôt..

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