jeudi 29 juillet 2010

Strange Ways.//







C'est pas qu'une passion. C'est un besoin. Écrire pour écrire.. Non. Ecrire pour vivre, pour s'exprimer, pour montrer aux autres que dans la vie on n'est pas qu'un tas de boue sordide, qu'on est capable, qu'on a envie de réussir, d'être bon, généreux, aimé, admiré par ce que l'on sait faire. Moi j'veux tout puiser, toutes les choses en moi qui veulent pas sortir, j'veux les chopper et les écraser sur mon papier, les fixer avec de l'ancre, et toujours continuer. Alors j'ai décidé de m'y mettre, et cette fois construire une histoire. Une première ébauche, une esquisse, pour voir. Pour pouvoir vous faire ressentir ce que j'ai pu ressentir, pour pouvoir vous prouvez que dans cette société qui débloque, il y a des personnes comme vous et moi qui rêvent d'un avenir meilleur.

Bonne lecture !

Gaëlle.











Chapitre 1 :


Ça fait dix minutes. Dix long minutes que je l'attends, alors, le regard vrillé sur le sol, j'observe. Les feuilles qui balaient la route, poussées par le vent et crépitant sur le goudron. Les petites boules de poison rouges qui sont étalées là, près de l'arrêt de bus tagué où je lui est donné rendez-vous. Le vent souffle par bourrasques, il me glace la peau, entre dans l'entrebâillement de mon manteau, je fais comme si je n'avais rien reçu. Je me redresse. Le voilà, ce con, il est en retard, comme souvent, mais il me fait toujours autant d'effets, m'emplit de bonheur. Lui, mon grand Noah, avec ses cheveux d'un brun sombre, avec sa mèche rebelle qu'il replace si souvent, ses Ray-ban modèle aviator, son manteau en cuir usé, ses pantalons moulants et son petit point de charme incorruptible, son grain de beauté sur le coin de ses lèvres bien galbées. Il a une clope entre les doigts, des camel, qu'il écrase sur le petit muret à côté des autres, et viens me prendre dans ses bras. Il m'embrasse tendrement la joue, il me sourit avec ses dents que je connais par cœur, que je pourrais dessiner sur une feuille, comme les enfants. On se parle de choses , d'autres, puis je lui propose de squater chez moi. Il rallume une cigarette, je tire une taffe. C'est notre petit rituel à nous. C'est parc'qu'un jour je lui ais dit :
- Noah, t'as pas le droit de fumer pour toi tout seul, parce qu'à chaque cigarette, tu te tue un peu plus, et moi je te regarde te tuer sans pouvoir t'en empêcher.
Il m'a répondu :
- Hum, OK. Alors à chaque fois que j'allumerais une cigarette, je te ferai tirer une taffe, une petite part de ma mort, comme ça tu te tueras un peu avec moi, et je te sauverais.
J'ai accepté. Ça me tue peut être un peu à chaque taffe, mais je crois que je préfère me dire celà, au diable mes poumons. Puis, on peut pas tout avoir.



Chapitre 2 :

Ce matin là, ma chambre baignait dans le soleil, mes rideaux orangés reflétaient une lumière apaisante. C'était les deuxièmes vacances de mon année de seconde, nous étions dimanche et il faisait beau. J'eus envie de sortir, voir du monde, faire la fête autour d'une bonne sangrilla maison, avec de la musique de fond, au bord d'une piscine... Je décida donc de sortir de mon lit, et de téléphoner à Noah tout en buvant mon café matinal. Noah, il connait tellement de gens que tu pourrais parler de lui en Indochine, il y aurait des adeptes.
Il décroche :

"_Allô ?
_ Ouais baby ? Il fallait que je te fasse savoir mon envie brutale de sortir ce soir, alors je t'appelle, voilà.
_ Chérie hum, ce soir je vais chez Théo, je crois qu'il fait un truc, c'est OK pour toi ?"

Théo, c'est un petit fils de riche qui a une villa à Bregille, mais chez Théo, c'est tease à gogo. J'hésite... Oh et puis, ce n'est que le début des vacances, des soirées, il n'y en aura pas qu'une.
J'approuve, puis raccroche, le sourire aux lèvres.
C'est tellement bon de se prélasser au soleil, les cheveux dans le vent, tout en buvant un café, accompagnée de Melody Gardot qui te fout une ambiance Calme, tranquille. J'appelle ça les petits plaisirs des vacances. Gaëlle, va ranger le lave-vaisselle !! Hum, voilà, mon moment de bonheur finit, les assiettes rangées, je file sous la douche où je laisse couler l'eau chaude sur mes cheveux raides, je savoure ce moment où personne ne me dérange, je chante des choses absurdes... Je sorts, j'ai froid, comme toujours, et je ne sais pas quoi me mettre. Alors j'essaie, je fouine, je réessaye, puis finit par opter pour ma première tenue : une chemise trois-quart en jean et un T-shirt THE KOOPLES, puis un jean et des bottes hautes. Une fois maquillée, coiffée, habillée, je sonne chez No' qui joue à la PS3, puis tout en descendant quelques bières nous parlâtes de filles, de fringues, de statuts FCB et de notre cher et tendre lycée.
Il est déjà 6H20 quand nous prenons le métro, puis quelques stations plus tard, nous voilà arrivés chez Théo. Nous sommes apparemment dans les premiers puisque Théo est scotché au téléphone, j'en profite donc pour faire le tour des lieux... Piscine creusée, petite terrasse aménagée, immense salon, cuisine laquée... LE LOUXE !! Les invités arrivent peu à peu, ainsi que l'alcool, les trouvailles sont montrées, les bouteilles dégainées, tout est assez calme; les gens discutent, boivent, et puis tout s'accélère, ceux qui se baignent à poils, ceux qui fument autour du barbecue, et puis les culs-secs, je rigole, je m'amuse, les verres s'entassent, les concours se multiplient, des cris retentissent, du verre casse, on entend un bruit sourd, puis plus rien, je crois, tout le monde est autour de lui, j'entends des cris, des voix, tout devient flou, tout est vague... Il y a du sang... Les pompiers, puis le SAMU, les brancardiers arrivent, on ne peut plus rien voir, je perd l'équilibre, tombe, puis m'endort.

Mes paupières sont lourdes, la lumière du jour à transpercée mes paupières, je cligne des yeux. Je me lève maladroitement puis constate les dégâts : du verre, du sang, des gens qui dorment dans chaque recoin, des flics, des bouteilles vides... MERDE, je me souviens violemment d'hier soir, tente de rassembler les éléments, mais j'ai un mal de crâne atroce et mes jambes ne me supportent pas, je m'écroule.
Je sent une main qui me tapote le dos, c'est Noah, il me regarde, me demande si ça va et d'un air grave, il me dit :
"_ Ecoute, j'ai quelque chose de grave à te dire, hier soir... Hier soir, on était tous bourrés, et JB à beaucoup trop bu. Il a entraîné des verres dans ses gestes maladroits, engourdis par l'alcool, et il est tombé en plein de la casse... Le sang, les cris...
Voilà, quand le SAMU est arrivé, s'était trop tard, trop tard.. JB ne respirait plus, il est mort Gaëlle, il est mort hier soir, je suis désolé, il est MORT."
Je ne pourrais vous décrire l'expression que je pouvais avoir à cet instant. J'étais comme pétrifiée, je ne pensais plus, mon regard était fixe. J'eus quand même l'occasion de balbutier quelques mots qui ressemblaient à :

"_ Merde, nan, nan, je... Mort."


Chapitre 3:

Je marche. Plus rien a d'importance. Tout est creux, ignoré par mes yeux fatigués, mes yeux vides de sens, vide de bonheur. Toutes ces images dans ma têtes se bousculent, se cognent, s'entrechoquent. Le vent souffle par bourrasques, il est glacial, il me rappelle mon humeur. Il titille les branches de cet arbre dont j'ignore le nom. Les branches s'étirent, je pleure. Toutes les larmes de mon corps, ma peine, ma rage, tout y passe. Je ne prend même plus la peine d'éviter les flaques d'eau; les personnes qui parlent forment un léger bruit de fond, je m'exaspère. J'ai envie de partir, de crier ma haine, de me saigner la peau, je me sent conne et inutile, comme un navire au fond de la mer, seul, et entouré de vie qui ne s'en préoccupe plus.
C'est les obsèques aujourd'hui, mais je n'avais pas envie de voir toutes ces têtes, ces pleurs, ces gens détruis. Cela me dévore, me brûle. J'étais là, je n'ai rien fait, parce que j'étais saoule, saoule et imbécile, ça aurait très bien pu m'arriver à moi. J'ai l'impression qu'il me hante, qu'il m'observe de son nuage là-haut, et qu'il m'accable de remords : je suis seule. Noah est aux obsèques lui, il le connaissait bien. On doit tous se sentir coupable. Au fond, peut être que sa vie était tracée, qu'il était destiné a mourir en se bourrant la gueule, fin de l'histoire. Qui croit au destin, au fait que la vie et déjà.. Tracée, et que quoi qu'il arrive, la mort sera celle que l'on a décidé pour nous ?
Mon lit est le seul endroit dans le quel je me sent bien, où je n'ai pas à me surveiller, et mes pensées peuvent vagabonder sans que je me reprenne et me dise que tout ça ne sert à rien.
La nuit, je fais le cauchemar de me voir à sa place, et à chaque fois quelque chose change, et il se trouve que dans toutes les fins, je meurs. Peu à peu, mon cauchemar s'efface, comme pour me dire d'oublier, pour me dire que la vie continue. Parfois je lui parle à J-B, le soir, je lui dis tout ce que je ressent, et je sais qu'il m'écoute.

Je me fais de plus en plus d'ennemis, je suis d'une humeur massacrante, je démarre au quart de tour. Hier soir en sport, j'ai reçu un ballon en pleine face. Un petit con de ma classe, qui s'est mis à rire. J'ai saigné, je ne sentais plus mon visage. Je voyais mon propre sang couler sur le lavabo immaculé, je revoyais les bouts de verres et les cris. Il fallait que je marche, tout était flou, les gens autour de moi s'agglutinaient, se bousculaient, j'avais presque envie de rire, de danser, mais mes jambes tremblaient, alors je suis tombée dans les pommes, comme ça, sans cris égards.



Chapitre 4 :

Toutes mes facultés étaient réduites en une seule : l'ouïe. Je ne pouvais ni voir, ni sentir la douleur qui devait me cogner à cet instant, juste entendre un bourdonnement strident qui venait titiller mes oreilles rouges sang. C'est comme si je n'habitais plus mon propre corps, ma propre masse, mes problèmes, ma peau que j'ai égratignée plus d'une fois, ma cicatrice sur la joue quand je suis tombée à vélo, ma colonne que je remuscle tous les jeudis, mon poignet défaillant quand ça lui prend, mon petit nez en trompette, mes longs doigts de pianiste, ma petite bouche mince, mes dents bien alignées grâce à ce fucking appareil dentaire que j'ai du garder plus de deux ans, mes grains de beauté que Noah s'était amusé à compter, mes fesses rebondies, mes yeux noisettes que je remplaceraient volontiers par des gris/ verts, ou des bleus hypnotisant, mes cheveux châtains, lisses, raides et sans grâce, mon nombril en forme de petit bonhomme... tout ce qui m'appartenaient m'étaient lointain, intouchable.
Or, d'un coup ma vue s'est éclaircie, et mon corps était devenu si léger que j'aurais pu voler. L'image que je distinguait était floue, puis, peu à peu se distinguaient les contours du gymnase, les gradins, les cages de foot, les volants coincés dans les poutres, la poussière sur les affiches de PUB, et.. Et moi-même, transportée sur un brancard orange fluo, avec des pompiers, le CPE, le principal en costard, toute ma classe.. Mon corps inerte en dessous de mes yeux, plongé dans le sommeil profond, comme un cadavre à peine mort.. Mes yeux étaient partout, je voyais chaque recoins, chaque expression, chaque visage et chaque pensée me parvenaient. Mais, étais-je morte ? Que se passait-il pour que la scène dont j'étais le centre me parvenait à moi, qui était allongée sur le brancard ? Comment cela pouvait-il être ? Non, le rêve n'était pas une possibilité.. c'était bien trop réaliste.
Une envie irrésistible s'empara de moi : celle de regagner mon corps au plus vite. Il m'appelait, me disait qu'il avait besoin de moi.. Comme si une force étrangère me montrait le chemin à suivre. Je ne pu m'en empêcher, il fallait que je regagne ma chair, alors mon esprit pénétra dans mon corps telle une toupie furieuse, et rejoignit un coin de mon cerveau.

****


Je suis allongée dans une salle blanche. Une salle vide, où seul un lit avec des barreaux en fer réside là, toute l'année. Il n'y a pas de télé, pas de meubles, pas de décoration. Juste un lit, avec, vous savez, les couches de couvertures que nous mettent nos grand-mère, celles qui grattent, pleins de draps froids. Rien ne m'est familier. Et puis, une dame, faisant irruption dans la chambre :
_ " Gaëlle ? Oh ! Tu t'es réveillée. Tu as fais petit malaise dans le gymnase. Au début, tu ne respirais plus.. Alors on t'as emmener ici pour t'ausculter un peu mieux, et quand on t'as allongée sur ce lit, tout était normal. Il paraissait que tu dormais! Seulement, rien ne semblait te réveiller, alors on a préféré attendre. J'ai appelé ta mère, elle ne va pas tarder à arriver."
Je reconnut l'infirmière du collège. Elle était stressée, préoccupée.. Comme si j'étais le dernier de ses soucis ! Elle sortit, me laissant, sans même attendre de réponse.
Je ne comprends pas.. Chaque détails, chaque pensée.. J'ai tout vu, j'étais là, le gymnase, ma classe.. Tout se brouille. Mes hypothèses, mes souvenirs, mes questions, mes réponses, mes yeux mêmes.. J'ai hâte de sortir d'ici, que je puisse réfléchir tranquillement dans mon lit, sous ma couette.

Je suis dans ma chambre. J'essaye tant bien que mal de tout rassembler. De construire quelque chose.. Mais je n'y arrive pas. C'est comme si à chaque fois que je touche une idée, une solution du bout des doigts.. Elle se casse, disparait. Je n'en est parlé à personne.. Mais j'ai le pressentiment que cette chose, cette sensation, personne ne pourra jamais la comprendre. Je suis seul avec cette énorme point d'interrogation qui prend toute la place dans mon corps, dans ma tête, j'ai l'impression qu'il me suis, qu'il me traque.. Qu'il me cherche, me demande de comprendre, mais je n'y arrive pas.
Il est 3H du matin. Ma couette me gène. Je tourne et retourne dans mon lit, le sommeil ne veut pas de moi. J'essaie de compter ces putains de moutons, de fermer les yeux et de ne plus bouger, rien y fait. Je suis à l'affut. Je sais qu'une présence m'observe.. Me regarde de ses yeux luisant, quelque part.. Peut être juste en face de moi, collée contre mon visage.. Les yeux fixés sur moi. J'ai le souffle court, le coeur qui bat. Je cache mon corps sous ma couverture, mais j'ai trop chaud. Mes mains moites tâtent le vide, il n'y a apparemment personne. Je m'endors une demi heure, puis me réveille. Me retourne en vain. J'ai toujours cette angoisse qui me traque, cette présence qui m'observe.. Il faut que je n'y pense plus. Allons ! Je m'endors.

Des oiseaux qui chantent, le bruit d'une nature matinale,c'est la sonnerie de mon réveil.. Il est 6h45. Je suis tellement crevée que je n'ai pas la force d'appuyer sur le bouton qui ferait clore ce bruit strident. Je me rendors. 7h35, le réveil sonne de nouveau, je me lève péniblement en choutant dans ma valise, me cogne le genou dans le coin de ma commode et arrive enfin à sortir. Je vais dans la salle de bain, mon reflet est la pire chose que je n'ai jamais vu: mes cheveux sont gras tellement j'ai transpirée, j'ai des poches sous les yeux, la marque de l'oreiller sur la joue, le nez qui pèle, les dents qui s'écartent parce que je n'ai pas mis mon appareil, du noir sous les yeux.. Je me décourage. Je prend ma douche, chaude, brève, puis estompe tant bien que mal toutes ces traces de fatigue avec mon maquillage. Déjà l'heure d'y aller. Je fourre quelques cahier dans mon sac de cours, ma trousse, et je sorts en claquant la porte de l'appart'. Il fait encore sombre, je cours après le bus, monte dedans, me fait huée par ces bouffons qui n'ont que ça à foutre, puis pose les pieds dans mon lycée. Je rejoins mes copines qui m'attendent, me demande comment ça va.. Par chance, mon maquillage cache ma fatigue et mon désespoir, elles me laissent tranquille pour le moment.

La journée passe, longue et monotone. Bientôt les beaux jours seront là, tout le monde ne parle que de ça.. L'été : " SUMMER 2010", c'est ça ouais.. J'entends les bribes d'une conversation :
"_ Et moi tu saiiiis quoi ?! Bhen je vais en corse cet été avec Stella, et on va faire du cheval sur le sable fin ! AMAZING HEIN ? ( rire débile ), ho ma louloute !! ( s'adressant à sa copine Brigitte ) t'inkièète ton chagrin d'amour va passer, t'en trouveras pleins d'autre des mecs ! En vacances tu verras, y'en a toujours un qui est prêt à t'accueillir dans sa tante ! ( deuxième rire débile) aller, pense pas à ce con !
_ ( Brigitte, rétorquant à sa copine la pouf dont j'ignore le nom) Mais tu sais, moi j'oublie pas un mec comme ça! Je suis pas comme toi, j'ai besoin de temps.. J'étais tellement attaché à lui.. Tu sais, toi tu connais pas ça.. ( blablabla) " Il faut de tout pour faire un monde !

Mes pensées se tournent vers l'amour justement, vu mes précédentes relations chaotiques, il faudrait peut être que je cherche un peu.. Une relation sérieuse que les filles m'envierais, un homme, un vrai ! Peut être qui ça existe sur la planète, qui sait? Peut être même qu'il est sous mes yeux, juste là, qu'il me tend la main mais que je la rate.. En même temps, avec mes péripéties du moment, je n'ai pas vraiment pu me concentrer sur cela... Oh et puis, l'amour c'est compliqué, il faut donner du temps.. Et il parait qu'il tombe souvent quand on ne s'y attends pas, un coup de foude, l'alchimie, que d'un coup on sait que c'est CELLE LA, cette personne avec qui on va passer un bout de chemin.. Il y a bien des mecs dans mon lycée, avec leur belles gueules et leurs mèches rebelles, leurs classes naturelles, leurs regards ténébreux, mais, ceux-là en valent-ils vraiment la peine ? Je ne sais pas. C'est souvent ces mecs là qui nous déçoivent, avec les quels ont restent le moins longtemps.. Faute de sentiment, d'amour profond, de temps.. Mais, qui dit que si jamais je tombe amoureuse, l'intéressé m'aimera autant ? Qu'il donnerai sa vie pour venir me rejoindre le soir, qu'il défierais ses parents pour éviter les repas familiaux, rien que pour me voir une heure ou deux ? Qu'il n'y aurai que moi, son amour, sa belle, et personne d'autre ? Qui sait ?

Mon portable me tire de mes pensées, c'est Noah, il veut savoir si je vais bien.. Noah.. Noah que je connais depuis si longtemps.. Que j'aime tellement.. OUI JE DÉCROCHE BORDEL !



Chapitre 5:

L'Amour est une chose bien délicate, bien ardue et maladroite pour que je puisse en parler avec simplicité et détachement. Je suis si minuscule dans ce vaste monde, cette usine de sentiments, de personnes différentes..
L'amour passionnel, en vrac, maladroit, sans issue, foutu, impossible, fusionnel, inconditionnel, bousillé, piétiné, massacré, vécu, oublié, méprisé, sous-estimé, bestial, alambiqué, sournois, sexuel, artificiel, démesuré, intense, incompris, aveugle, immature, infidèle, irrésolu, à sens unique, exceptionnel, unique, palpitant, larmoyant, menaçant, agaçant, surprenant, infini..
L'amour, comme je le disait donc n'a pas de véritable barrière morale. C'est quelque chose d'unique, de propre à chacun, marqué par le sentiment que tu veux bien lui donner.
Aurais-je le droit alors d'y goûter vraiment ? De mettre les pâtes dedan, et puis prendre le risque de souffrir, de pleurer, d'avoir mal à cette chose que nous appelons " cœur", mais en fait qui n'a pas d'emplacement légitime. Aurais-je le droit de goûter à ce fruit délicieux qui est l'amour, interminable et renouvelable ?
J'ai hâte !,la rencontre, l'amour, les sentiments, les débuts où l'on se cherche, la stabilisation..
L'AMOUR_

****


Les beaux jours se faufilent entre deux nuages, le morale revient, la routine du lycée, mes notes remontent peu à peu, le malheur passe.
Ça fait déjà trois mois qu'il est en haut, mais mes questionnement ne cessent pas.
Pourquoi toutes cette mise en scène de moi face à moi ? Et surtout pourquoi je n'en parle à personne ?
J'ai comme un.. Un couvercle dans la gorge quand je suis sur le point d'en parler, un couvercle qui me saisit, qui m'empêche de respirer, qui me dit " stop, ne dis rien ou je t'étrangle."; alors je m'éforce à ne plus y penser, à le pousser loin par la force de mon esprit, le jeter derrière moi... Mais il revient, toujours a même endroit, toujours au même moment. Comme si mon corps lui-même ne voulait pas le partager, comme si... Je n'avais plus le pouvoir.

****

Un soir, j'étais chez Noah, et nous parlions de JB. Il a sus pour mon "accident", et il sait que ça a un rapport avec sa mort.
"_Gaëlle, pourquoi tu es toujours vague quand on en vient à parler de ça ?
_ Parce que c'est un mauvais souvenir.
_Et alors ? Il faut en parler, sinon ça te restera sur le coeur, ma belle.
_Noah.. Je peux pas.
_Tu ne peux pas m'en parler ? Je ne te suis plus..
_Je n'y arrive pas. Je voudrais pourtant..
_Tu es en train de me dire qu'il s'est passé quelque chose de grave sans que je le sache ?
_...
_Gaëlle, dis-le moi.
_Je te l'ai dit, c'est impossible ! Mon corps refuse, je.. Dit-elle avec un manque d'air imminent. Tu vois, je-je n'arri-ve-ve plus à à res-respirer.
_Hé ! Ca va ? Dis moi ce qu'il y a ? Tu.. Gaëlle ??!!
_Ne-ne parlons plus de ça.
_D'accord."

Sur ces mots, la conversation diffurqua et ça devint le premier sujet tabou de notre relation.


Chapitre 6 :

La gorge nouée, je pars de chez Noah à pied. C'est vraiment la seule personne à qui je peux tout dire, à qui je parle librement de tout et de rien, comme de choses importantes. La personne à qui je confie mes secrets, mes sentiments pour n'importe qui, qui me conseille, qui me réconforte quand ça va mal. Celle qui est toujours là. Noah.
Je suis donc totalement seule.
Les poings dans les poches, je regarde la lune qui elle, est toujours belle. Toujours digne.
Je me sens trahis par moi-même. Alors dans le froid de février, je cours. Je cours vite. Chaque partie de mon corps bouge à l'unisson, le rythme de mon coeur définis mes foulées, je cours très vite. Les bordures sont flous, je ne vois que le bout du chemin. Je suis à bout de force. Je revois mes quelques derniers mois, puis tout se brouille. Mon esprit est vide. Je continue dans la pénombre, épuisée, mais vivante. Juste vivante. Comme si à cet instant, la seule chose qui importait à mes yeux était mon existance. Je cours encore. De plus en plus vite. Chaque pas m'éloigne du concret, mes pensées sont dirigées vers l'instant présent. Juste le goût de la nuit dans ma bouche, le bruit des cailloux crépitant sous mes chaussures, juste moi.
J'arrive devant la porte de chez moi, monte les escaliers sans croiser personnes, ouvre la porte de ma chambre comme si j'entrais par effraction, m'étale sur mon lit sans même prendre la peine de me déshabiller, puis m'endors.
Et pour la première fois depuis la mort de JB, je dors bien. Sans aucun rêve.


Chapitre 7 :

Ce soir, j'ai pas vraiment envie de m'endormir. J'ai envie de rêver ce soir, de planer.
J'ai même pas envie d'aller traîner sur l'ordi telle une loque. J'ai pas envie de recevoir de messages. J'ai envie d'être déconnectée, hors ligne, H-S.
En ce moment, je suis pensive. Intensément pensive.
Ma vie, mes journées, se déroulent parfaitement bien. Mais c'est comme une impression de déjà-vu. Merde ! Je crois que j'ai envie de changement. J'ai envie d'aimer. J'ai envie de sortir voir le coucher du soleil. D'écouter du jazz sous la neige. De pêcher l'horizon avec mes yeux ahurient. Une chose, une seule, m'obnubile. C'est lui. Il me démange, il me fascine. Je n'arrive pas à le décrypter je crois, et c'est ça qui me plait. Ce sentiment de savoir qu'il y a quelque chose, mais ne pas savoir exactement quoi, ni pourquoi. Ne pas savoir ce qui t'attire vraiment, mais ne pas pouvoir résister pourtant. Flancher. Se promettre de ne plus le faire. Puis flancher à nouveau.
En fait, je crois que je délire ce soir. Parce que ce soir, je suis amoureuse.
Amoureuse de ce pressentiment. Celui qui me dit qu'au fond de moi, je suis différente. Je ne suis pas comme ces gens que je croise dans la rue, que je vois au lycée, que j'épie sur facebook, j'ai comme une sorte de destinée qui m'appelle, qui me happe, un avenir certain. Je ne sais pas encore comment, ni pourquoi, c'est comme une vague qui me subjugue, comme la vague irrésolue.

2 commentaires:

  1. J'étais venu faire un petit tour sur ton blog. En vitesse. J'ai fouillé un peu, cherchant quelque chose de plus long. Les premières lignes m'ont happé. Ton écriture m'a captivé. J'ai jeté par dessus bord l'envie de tourner vite les pages. L'envie de lire en diagonale. J'ai pris le temps de respirer, de savourer. C'est différent de ce que je lis d'habitude. Une tension. Un jet continu d'émotion que délivrent les mots... Ne le répète pas : j'adore ce que j'ai lu à chaque page sur ce blog !

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