mercredi 16 juin 2010

Le monde entier est un théâtre.


Parce que maintenant, le théâtre fait partit de ma vie, que je joue dans une pièce géniale, que j'aime ça, j'aimerais vous faire partager cette envie d'en connaître plus, cette envie de savoir, de jouer, de se mettre dans la peau de n'importe quel personnage et de le devenir. Peut importe son histoire, peut importe ses origines, peut importe ce qu'il veut, ou ce qu'il doit dire, jouer successivement différent rôles, toujours être juste, toujours être prêt à améliorer son jeu. Pour cela, j'aimerais commencer par vous faire lire un passage, un passage d'une grande pièce : Le Bourgeois gentilhomme. Tout d'abord parce que Molière est tout simplement le plus grand auteur de pièces du 18e, mais aussi parce qu'il a une façon de tourner les choses qui ne peuvent laisser indifférent.



Pour faire court, Cléonte est amoureux de Lucile, mais il croit que celle-çi ne l'aime plus. Covielle, qui est le valet de Cléonte, est amoureux de la servante de Lucile, Nicole. Ce passage raconte comment Cléonte et Covielle se sentent trahis par les deux femmes, du fait de leur ignorance à leur égards. ( Il se trouve qu'elles ont évité leur regards pour une raison quelconque ). Ce passge décrit alors le dépit qui les annimes, et l'amour dans toute sa splendeur des deux hommes pour leur belles.



CLEONTE. Quoi ! Traiter un amant de la sorte ? Et un amant le plus fidèle et le plus passionné de tous les amants ?

COVIELLE. C'est une chose épouvantable que ce qu'on nous fait à tout deux.

CLEONTE. Je fais voir pour une personne toute l'ardeur et toute le tendresse qu'ont peut imaginer ; je n'aime rien au monde qu'elle, et je n'ai qu'elle dans l'esprit ; elle fait tous mes soins, tous mes désirs, toute ma joie ; je ne parle que d'elle, je ne respire que par elle, mon coeur vit tout en elle : et voilà de tant d'amour la digne récompense ! Je suis deux jours sans la voir, qui sont pour moi deux siècles effroyables ; je la rencontre par hasard ; mon coeur à cette vue se sent tout transporté, ma joie éclate sur mon visage ; je vole avec ravissement vers elle ; et l'infidèle détourne de moi ses regards et passe brusquement comme si de ma vie elle ne m'avait vu !

COVIELLE. Je dis les mêmes choses que vous.

CLEONTE. Peut-on rien avoir d'égal, Covielle, à cette perfidie de l'ingrate Lucile ?

COVIELLE. Et à celle, monsieur, de l'ingrate Nicole ?

CLEONTE. Après tant de sacrifice ardents, de soupir et de voeux que j'ai fait à ses charmes !

COVIELLE : Après tant d'assidus hommages, de soins et de services que je lui ai rendus dans sa cuisine !

CLEONTE. Tant de larmes que j'ai versées à ses genoux !

COVIELLE. Tant de seaux que j'ai tiré au puits pour elle !

CLEONTE. Tant d'ardeur que j'ai fait paraitre à la chérir plus que moi même ! [...] Ne t'avise point je te pris de me parler jamais pour elle !

COVIELLE. Moi monsieur ? Dieu m'en garde !

CLEONTE. Ne viens point excuser l'action de cette infidèle.

COVIELLE. N'ayez pas peur.

CLEONTE. Non, vois-tu, tous tes discours pour la défendre ne serviront à rien. [...] Donne la main à mon dépit, et soutiens ma résolution contre tous les restes d'amour qui me pourraient parler d'elle. Dis-m'en, je t'en conjure, tout le mal que tu pourras. Fais moi de sa personne une peinture qui me la rende méprisable ; et marque-moi bien, pour m'en dégoûter, tous les défauts que tu peux voir en elle.

COVIELLE. Elle, monsieur ? Voilà une belle mijaurée, une pimpesouée bien bâtie, pour vous donner tant d'amour ! Je ne lui vois rien que de très médiocre, et vous trouverez cent personnes qui seront dignes de vous. Premièrement, elle a les yeux petits.

CLEONTE. Cela est vrai, elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu'on puisse voir.

COVIELLE. Elle a la bouche grande.

CLEONTE. Oui ; mais on y voit des grâces qu'on ne voit point aux autres bouches ; et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs, est la plus attrayantes, la plus amoureuse du monde.

COVIELLE. Pour sa taille, elle n'est pas grande.

CLEONTE. Non ; mais elle est aisée et bien prise.

COVIELLE. Elle affecte une nonchalance dans son parler et dans ses actions.

CLEONTE. Il est vrai ; mais elle a grâce à tout cela, et ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s'insinuer dans les coeurs.

COVIELLE. Pour de l'esprit...

CLEONTE. Ah ! elle en a, Covielle, du plus fin, du plus délicat.

COVIELLE. Sa conversation...

CLEONTE. Sa conversation est charmante.

COVIELLE. Elle est toujours sérieuse...

CLEONTE. Veux-tu de ces enjouement épanouis, de ces joies toujours ouvertes ? Et vois-tu rien de plus impertinent que de femmes qui rient à tout propos ?

COVIELLE. Mais enfin elle est caprucieuse autant que personne au monde.

CLEONTE. Oui, elle est capricieuse, j'en demeure d'accord, mais tout sied bien aux belles, on souffre tout des belles.

COVIELLE. Le moyen, si vous la trouvez si parfaite ? [...]




A quelle belle chose que l'amour, que la passion que l'on a pour une personne, pour un corps de femme... A tout bientôt !

Gaëlle.

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