Le cœur aride, les épaules cassées
par le poids d'être perdu dans les limbes de soi-même. La joie
d'être ensemble et la douleur de ne pas se comprendre. L'amour qui
plane comme un couperet sur nos ombres, l'amour qui nous efface, qui
nous transcende, qui nous plombe.
L'amour qui nous rend flou qui nous
rend nous qui nous rend sombre. Le filet de nos cœurs qui coule,
vagabonde.
La jungle des âmes qui se cherchent,
qui parfois se trouvent et s'accrochent dans un zeste
Acidulé comme le goût de te langue,
le goût d'être parfois deux dans cette solitude exsangue
La peur de perdre ce qui un jour nous
rend vivant, prêt à affronter la vie comme une bataille qui dure
cent ans
Le désir d'être, le désir de plaire
de créer de sentir qu'on est là juste là tout petit dans le monde
Le désir de le crier jusqu'à
s'époumoner, de le saisir et ne plus jamais le lâcher
Les yeux grands fermés, le cœur trop
serré, le bide retourné les poumons étouffés par la fumée de nos
peurs les plus secrètes, les plus mystérieuses les plus obsolètes
Les bouches crispées les dents qui
grincent, la sueur qui coule sur nos fronts enneigés
La frustration, la danse des possibles
qui tourne tourne et s'arrête trop tôt, gros lot
L’impossibilité de dire, de trouver
les mots justes, les mots qui pèsent le poids qu'il faut
La soif de vivre sans se soucier, sans
se poser
Les questions qui toujours viennent et
reviennent
Cogner leurs becs d'aciers à la paroi
de nous-même