
Tout me manque. Tous ces visages sous le soleil d'Espagne, tous ces sourires qui n'en finissent pas de gémir, de grimacer. J'étais bien là-bas, j'étais loin de tout, et surtout, surtout ! j'étais avec vous. Nous foulions les dalles chaudes des ruelles étroites, nous étions fous, fous d'être ensemble, et heureux il me semble. Nous parlions fort le jour, et doucement la nuit, mais nous déblatérions pendant des heures de ce qu'on pouvait avoir sur le cœur, les larmes aux yeux. Nous étions ficelés par un fil doré, emmitouflés dans l'amour de s'être rencontré. Nous avancions d'un seul pas dans la foule, en nous égarant dans notre liberté bredouille. Quelle bande de joyeux cons. Nos pieds étaient fatigués, mais qu'importe, on était tous dans le même bouton. Bouton de rose, ou bien de toi ? Quelle importance, j'étais dans tes bras. Rien ne nous ennuyaient vraiment, on avait bâti notre propre musée, dorénavant. Le soir, quand nous rentrions, fatigués, nous délassions nos chaussures pleines de souvenirs fraîchement franchis. Au jour le jour, et vive l'envie. Sous nos yeux éberlués, on pouvait voir défiler la vie. Certaine nuit je voyageais. Quand il me prenait la main, je divaguais. Je savais qu'il était fou. Fou de moi. Je sentais l'odeur de la nuit pénétrer au plus profond de moi, et nous parlions en silence. Je n'avais cas sentir sa peau contre la mienne, et je savais qu'il me disait "je t'aime". Chaque jour suivants furent déprimants. Chacun de notre côté, nous essayions de ne pas y penser, mais soit, ce voyage nous a tous embarqué.
Gaëlle.